La quatrième dispersionCavalier blanc de A en F3. [Bouton de la pendule]. [Bruissement des pages d’un ouvrage qui défile au fur et à mesure que le pouce de C en parcourt la tranche]. [Lecture à haute voix. Le son, les ongles peints, C est de sexe féminin]. « a bien un sens plus spécifiquement esthétique lorsqu’il qualifie un travail d’élaboration d’une œuvre d’art. Qu’il s’agisse d’un ouvrage matériel (peinture, sculpture…) ou mental (plan d’un roman…), ce qui est grossièrement fait, est fait sommairement, en style d’ébauche, en indiquant juste les grandes lignes, sans polir ou soigner, sans préciser les détails. C’est en somme une esquisse d’ensemble, ». [Bruissement de pages]. Fou noir de B en H6, qui prend pion blanc. [Pendule]. [Bruissement de pages]. Le diamant saute un passage sur la platine vinyle et reprend comme si de rien n’était. Chanson grecque. [Pendule]. [Bruissement]. [Saut du diamant]…. [Pendule]. [Bruissement]. [Saut du diamant]. La quatrième dispersion de Florian Leduc est une juxtaposition de fragments. Fragments sonores, cinématographiques, poétiques, sémantiques, esthétiques. Le dispositif, lui-même, est scindé. Il forme une trinité. En son sein, jeu de formes (le cercle du vinyle, le parallélépipède du livre, le damier du plateau) contre langage des lignes (microsillons, phrases typographiées, mouvements stratégiques). Cette pièce pourrait en cela être reine parmi les différentes propositions récentes de l’artiste où le fragment désigne une ligne de force, l’amorce d’une pratique. Car Florian Leduc, étudiant en cinquième année à la Villa Arson, assistant de Joris Lacoste et depuis peu d’Eric Duyckaerts, expérimente un langage plastique qui se joue du contexte, comme dans la pièce Territoires d’expressions illicites pour laquelle il applique le principe poétique de cut up(1). Il prélève des messages, injures, glyphes, gravés sur les tables d’une salle de classe. Les fruits de ce vandalisme silencieux sont récoltés puis énoncés, tels une dictée, laconiquement. Tout comme la prise en compte du temps, fractal, entre en ligne de compte dans les propositions de l’artiste, il nous revient, quant à nous, de le considérer dans son parcours, qui constitue un avant-propos. 1 – Olivier Cadiot dans un entretien réalisé par Philippe Mangeot et Pierre Zaoui, Vacarme n°45. « Dans le cut up, les formules peuvent être toutes faites, elles ne sont jamais parlées, elles sont imprimées. Quand je découpais des livres, c’est l’effet de présence-absence de la langue que j’en éprouvais qui m’intéressait. À cet endroit, quelque chose est dans les limbes, qui a une main dans le parler, une autre dans l’écrit, une main dans la formule, une autre dans l’instantané. »—————————————- « Supervues010 » Hôtel Burrhus Les 10,11,12 décembre 2010. | Florian Leduc, La quatrième dispersion, 2010. Installation vidéo. © Florian Leduc. | Florian Leduc, La quatrième dispersion, 2010. Installation vidéo. © Florian Leduc. | Florian Leduc, La quatrième dispersion, 2010. Installation vidéo. © Florian Leduc. | Florian Leduc, Territoire d'expression illicite, 2010. Texte et Installation sonore (lien vers le texte et la bande sonore). © Florian Leduc. | Installation de Florian Leduc sur une invitation de la Maison, galerie singulière dans le cadre de Supervues010. |   |   |   |   |